Mon blog n’est pas de ceux qu’on range dans la case « Lifestyle », même si j’ai souvent des choses à écrire sur plein de sujets différents. Je ne le fais juste pas car je préfère d’une manière générale, partager des photos et pas mes réflexions. J’ai donc longtemps réfléchi avant de rédiger cet article.
D’abord j’ai sondé un peu celles qui me suivent sur ma page Facebook et à mon grand étonnement, cela a suscité beaucoup d’intérêt : mon métier, mes études, mes emmerdes.
Suite à plusieurs mails plein de questions, reçus de la part de lectrices de mon blog se questionnant sur leur avenir dans la branche du graphisme, je me suis dit qu’un petit point ici ne serait pas de trop.
Depuis 5 ans, je suis graphiste et webdesigner à Paris. Où nous sommes environ 78 943 125 graphistes Pour environ la moitié à la recherche d’un emploi…
Je vous laisse faire le calcul en fonction du nombre de candidatures qu’un recruteur peut recevoir quand une annonce potentiellement intéressante paraît sur les sites d’offres d’emplois pour graphistes.
Je ne déconne pas, futurs étudiants en arts appliqués et autres BTS de communication visuelle : préparez vous à avoir de la concurrence. Même si on est d’accord que c’est le truc le plus insupportable à vivre.
Avant de s’engager dans ces études vachement plus attrayantes et « cool » que d’autres, sondez votre motivation propre.
Êtes-vous honnêtement faits pour ça? Avez-vous réfléchi à tous les aspects bien moins « cool » de cette voie? Aimez-vous passer des heures carrées devant un ordinateur (prévoyez une bonne Mutuelle qui rembourse bien les verres et montures de lunettes), à ne pas toujours faire des design sympas pour des agences branchées?
Non, être « fort » en dessin ne fait pas de vous un(e) graphiste potentiel(le). Je me permets, suite au nombre élevé de cas sociaux, échoués dans notre classe et qu’on a dû se coltiner pendant deux ans de BTS. Inaptes à étudier quoi que ce soit d’autre, mais sachant « dessiner », les parents les avaient collés là depuis le BT (équivalent de la Seconde dans la voie générale) à 5 000€ l’année, il sont nombreux à ne pas avoir obtenu leur BTS (5 ans d’études à 5 000€ l’année…Beau fail!!)
Je ne suis pas bêtement condescendante, mais réaliste : sur une classe de 20, nous sommes 8 à avoir obtenu le BTS. Les autres n’auront pas assez bossé ou n’étaient juste pas assez motivés ou « à leur place » : ça n’est pas être une raclure que d’analyser la chose comme ça.
Il faut aussi avoir en tête qu’être graphiste c’est pouvoir ravaler son orgueil et remballer ses maquettes trop « in » et « chébran » pour parfois proposer des choses très simples, voire vieillottes, à des clients « old school » ou pas ouverts au style « 2.0″.
Autre paradoxe assez amusant, ou gouffre intersidérale entre l’école et le travail : le temps passé sur un boulot.
A l’école, on peut y passer des semaines, voire des mois entiers : peinture, feutres, collage/ découpage, on s’amuse, on régresse, on se lâche comme à la maternelle et les profs sont contents. On se sent une âme d’artiste.
Au travail, le temps est compté. Parfois à la minute près : le doc doit partir en impression ou au client directement, et la pression est mise. Plus de possibilité de recherches crayonnées sur un format raisin (50×65 cm) mais du concret, rendu « chiadé » et prêt-à-servir immédiatement.
On a parfois envie de pleurer et on rend un truc moyen qu’on ne mettra pas dans son Book.
Ah oui : le Book!
Recueil papier de travaux terminés et approuvés (par les profs, le client content, soi-même…) et servant de « carte de visite » montrant nos capacités créatives en print et/ ou web.
Ce Book est présenté à un jury lors de l’oral final du BTS : autant l’avoir bossé et en être fier (c’est mieux pour valider son diplôme).
Il sera remanié en profondeur lors du passage à la vie active : les recruteurs n’en ont légèrement rien à cirer de vos gribouillis de peinture et les découpages-collages qui ont servis à la préparation d’un logo qui sera présenté terminé.
Je l’ai appris par moi-même, suite à divers entretiens pour des stages; ma présentation de Book avait prit un temps infini, je me suis dit que c’était chiant pour tout le monde. J’ai trié.
L’important quand on cherche un boulot, c’est le résultat, la présentation pro, claire et concise : savoir expliquer concrètement pourquoi ce logo précisément représente cette enseigne et les avantages qu’a l’enseigne d’avoir cette identité visuelle (créée par vous ).
Savoir expliquer pourquoi on est le candidat idéal pour cette boîte de com., multiplier les stages, les expériences pros, et pour ma part, ce gros plus qui a souvent fait la différence : tenir ce blog.
J’aimerais conclure car je n’aime pas trop les laïus, les blogs tartines indigestes, que je ne lis pas.
Loin de moi l’envie de me poser en « Moi, les p’tits jeunes, j’ai roulé ma bosse, écoutez Tatie Valou! » au contraire.
J’ai déjà songé à plusieurs reprises à changer de voie, à tout envoyer bouler. Le chômage c’est moyen drôle mais je suis faite pour travailler (même si, une fois, un macho pédant de Directeur Artistique en entretien final de CDD m’a sorti « Tu sais, je ne sais pas si tu es faite pour travailler. Ma femme elle, reste à la maison à s’occuper de nos quatre enfants et ça lui convient très bien« . Texto! J’en suis restée coite.)
J’aimerais dire à ce prétentieux nullissime en rapports humains, que je suis moi-même D.A à l’heure où je vous écris : comme lui, les leçons données aux autres en moins.
Et même que les gosses c’est pas encore au programme, j’ai un peu plus d’ambition pour le moment que faire femme au foyer, car je préfère travailler et gagner mon argent plutôt que d’être entretenue (JE PARLE ICI D’UN CHOIX DE VIE : qui n’est pas le mien. Je ne prétends pas qu’être graphiste c’est MIEUX ou MOINS BIEN que d’élever des enfants. Merci de ne pas résumer tout mon article à cette phrase
P.S : Gardez toujours une bonne estime de vous-même, malgré les donneurs de leçons et les critiques non constructives : message « Girl Power » *off*.