Cet article fait en quelque sorte “écho” à mon post “Je ne porte pas de fourrure” publié en 2013. J’aurais fort bien pu l’intituler “je n’ai jamais porté et ne porterai jamais de fourrure”. ^^
Ici, je vais parler de cuir, le sujet est donc différent car j’ai porté et porte encore des accessoires en cuir (bouuuh !) En revanche, et j’ai l’impression de radoter à fond : je n’ai rien reçu ou acheté qui soit en cuir depuis un an. J’ai un mail “type” pour refuser poliment les cadeaux de maroquinerie qu’on me propose quasiment tous les jours.
Pendant environ 3 semaines, j’avais apposé dans ma bio Instagram “NO FUR & LEATHER” afin d’essayer de ralentir justement les propositions trop récurrentes que je reçois. Cela n’a absolument pas fonctionné; la plupart des marques contactent les blogueuses, sans forcément se renseigner 2 minutes sur leur profil. Nous sommes toutes différentes et fonctionnons aussi différemment.
Aussi, j’avais très à coeur de publier à ce sujet, car sujet sensible à mes yeux. Le cuir est devenu une matière banale, normale à acheter, aussi fréquente qu’associée à l’univers du luxe. Je rejette cela en bloc et ne veux plus participer à cette industrie hyper polluante et cruelle. Le fait d’être végétarienne amène forcément à réfléchir plus loin que le bout de son assiette, et même si mon cheminement peut sembler long aux yeux de certain(e)s végan(e)s qui me suivent, l’important est que je fais ma part, tel le colibri. ^^
La mode évoluera si les entreprises et les consommateurs saisissent l’importance de changer de paradigme en agissant dans leurs faits et gestes au quotidien.
Pour illustrer cet article, pas de photos “choc” mais un look garanti 100% simili !
Le cuir provient de quels animaux ?
“Issu du tannage de la peau d’animaux d’élevage (vaches, moutons, chèvres, kangourous, autruches, crocodiles, alligators…) le cuir est un matériau issu de la souffrance animale mais aussi humaine lorsque cette industrie est délocalisée dans des pays du tiers monde. De plus, la fabrication du cuir est à l’origine d’importants problèmes environnementaux.” (source).
Les cuirs s’obtiennent aussi à partir de reptiles (crocodiles, lézards, serpents…) ou de poissons cartilagineux (galuchat). PETA ajoute à cette liste : “les chevaux, les agneaux, les cochons, les chiens et les chats.” (source)
“En portant du cuir, nous cautionnons des pratiques d’élevage industriel faisant fi de la souffrance animale. Le transport des animaux vers l’abattoir s’effectue dans des conditions atroces la plupart du temps et l’abattage (…) reste extrêmement violent. De plus, les peaux sont également achetées en masse à des pays qui sont beaucoup moins regardant quant aux conditions de transports et d’abattage des animaux. ” (source)
Les bases sont posées. On ne peut plus ignorer que cette matière est synonyme à 300% de souffrance animale et humaine, de catastrophe écologique, tout en restant parfaitement “normale” à voir et à acheter très facilement, dans quasiment tous les magasins…
Le cuir en quelques chiffres
“Pour une paire de chaussures, il faudra parcourir le globe : produire la matière première aux USA, tanner le cuir au Bangladesh, assembler le tout en Chine, et enfin la vendre en Europe.
Question chiffres (cuirs et peaux bruts) :
- les États-Unis sont les premier exportateurs de cuir ;
- la Chine est le premier importateur ;
- la France est le troisième exportateur mondial (soit 6,1% des exportations mondiales) ;
- la France est le 11ème importateur mondial (soit 2,0% des importations mondiales).
L’ensemble de ces échanges ne facilitent pas la traçabilité : le cuir est une industrie opaque.” (source)
“Pour que la peau d’une vache devienne du cuir, plusieurs étapes sont nécessaires. Depuis le début du XIXe siècle, c’est le tannage au chrome qui est le plus largement utilisé. Cette méthode se révèle la plus rapide et la plus stable : la transformation d’un cuir peut être observée en 24 heures, alors qu’il faudra 30 jours pour tanner un cuir avec des substances végétales.” (source)
“(…) l’industrie de la chaussure consomme plus de la moitié (53%) du cuir mondial.” (source)
“Les dépouilles et les peaux du bétail, moutons et chèvres proviennent principalement de plus de 35 millions de bovins qui sont abattus et consommés chaque année et des vaches laitières qui sont tuées une fois qu’elles ne sont plus rentables pour la production laitière.”
Enfin, le tannage d’un kilogramme de cuir exige au moins 35 litres d’eau.
Cuir = souffrance animale et humaine
“Un enquêteur de PETA Asie a montré ce qui se passe dans les abattoirs de chiens à l’Est de la Chine. Les images obtenues par l’enquêteur montrent que, les uns après les autres, les chiens sont violemment attrapés par le cou avec des pinces en métal et matraqués sur la tête avec un gourdin. Certains chiens perdent connaissance pendant que d’autres hurlent et agonisent, grièvement blessés à la tête. D’autres suffoquent après avoir été égorgés. Enfin, ils sont dépecés. L’enquêteur de PETA Asie a même vu des employés dépecer des chiens encore vivants.
Les chiens qui s’apprêtent à se faire dépecer peuvent sentir, entendre et voir ce qui arrive à ceux qui les précèdent. Nombre d’entre eux sont tellement terrifiés qu’ils montent les uns sur les autres dans la zone d’attente, cherchant désespérément une sortie de secours.
Un employé de l’abattoir a confié à l’enquêteur de PETA Asie qu’il tuait jusqu’à 200 chiens chaque jour. Quand la vidéo a été tournée, il y avait 300 chiens vivants en attente d’être abattus. Selon les informations obtenues par l’enquêteur de PETA Asie, la peau de chien est transformée en gants de soirée pour femmes, gants de travail pour hommes, chaussures, ceintures, garnitures de col de manteaux et d’autres produits exportés de par le monde. Bien sûr, aucune entreprise ne va indiquer que ses gants ou ses ceintures sont faits à partir de peaux de chiens. Un propriétaire d’une des usines de transformation a confié à l’enquêteur de PETA Asie que ses produits étaient commercialisés en les faisant passer pour de la peau d’agneau. Si vous achetez du cuir, à moins de faire un test ADN, il n’y a quasiment aucune façon de savoir ce que – ou plutôt qui – vous portez.
Parce que le cuir est le dérivé le plus rentable de l’industrie de la viande, acheter du cuir contribue directement à l’élevage intensif, aux abattoirs et à toute la cruauté que cela génère. Les animaux, élevés dans des élevages industriels crasseux et surpeuplés, sont souvent en cage et privés de tout ce qui est naturel et important pour eux, comme rechercher de la nourriture et élever leurs petits. La plupart d’entre eux subissent des mutilations douloureuses, comme avoir leurs dents, queues et testicules coupées et être décornés et débecquetés sans traitement antidouleur. Les femelles sont constamment inséminées artificiellement et leurs bébés, terrifiés, leurs sont enlevés peu de temps après la naissance. À l’abattoir, une partie des vaches, cochons, poulets et moutons sont égorgés alors qu’ils sont toujours conscients et qu’ils ressentent la douleur.” (source)
Cuir = pollution
“En plus d’être responsable de l’abattage de millions d’animaux chaque année, l’industrie du cuir -comme celle de l’élevage industriel- est responsable de beaucoup de dégâts sur l’environnement. Le tannage a la réputation non enviable d’être l’une des industries les plus immondes et nauséabondes. Cette réputation repose sur des caractéristiques des villages de tannerie vieilles de 100 ans mais qui persistent encore.” (source)
“Le tannage pollue les rivières et les nappes phréatiques. Les tanneries utilisent une importante quantité d’eau et de composés chimiques (pour certains toxiques) afin de façonner, assouplir et teinter les peaux avant leur commercialisation.
En Tunisie, sur 440 entreprises, seules 2 possèdent un système d’épuration. De plus, ces tanneries n’offrent peu ou aucune protection aux travailleurs (parfois des enfants) qui barbotent à longueur de journée dans les produits toxiques. La plupart souffrent de graves problèmes de santé et au Bengladesh, on estime que 90% des ouvriers ne dépasseront jamais les 50 ans. Dans ce pays, on exporte chaque année l’équivalent de 141 millions d’euros de peaux tannées, majoritairement vers l’Europe afin d’alimenter une industrie de la chaussure et de la maroquinerie bon marché. ” (source)
“D’abord, les peaux fraîches sont recouvertes de sel lorsqu’elles arrivent à la tannerie. Elles sont ensuite rincées, épilées, puis plongées dans un bain de chrome III. Après ce petit plongeon, les peaux qu’on désigne par Wet blue sont devenues imputrescibles. Les peaux sont enfin colorées, huilées, réhumidifiées puis lissées. Le cuir chromé résiste à l’eau, à la chaleur et il peut être bouilli sans se dénaturer.
Mais le chrome III ou trivalent qui n’est pas nocif à la base le devient lorsqu’il est associé à d’autres substances. Il se transforme alors en chrome VI ou hexavalent, très allergisant, pouvant même s’avérer dangereux pour la santé.
Le chrome VI peut engendrer des démangeaisons légères jusqu’à des dermatoses plus importantes comme l’eczéma de contact et même une surinfection. Ce type de dermatose peut évoluer gravement jusqu’à devenir handicapante. Si le chrome VI est un sérieux allergène pour la peau, il est en outre très dangereux lorsqu’il est inhalé. Si le consommateur n’est pas exposé directement à l’inhalation de cette substance, en revanche, les ouvriers qui travaillent dans les tanneries le sont, alors que le chrome VI est cancérogène pour les voies respiratoires et la cavité nasale.
Selon une enquête menée par France 5, au moins 30 % des chaussures en cuir que nous achetons en France contiendraient du chrome VI.
Les enquêteurs ont ainsi fait tester 10 paires de chaussures en cuir (dessus et intérieur) de toutes les gammes – avec des prix allant de 25 à 200 euros – auprès d’un laboratoire de Genève. Au vu des résultats, on comprend qu’il est tout à fait possible de produire du cuir sans résidu de chrome VI puisque 7 paires sur 10 n’en contenaient pas. Du moins pas en quantité décelable. En revanche, les modèles vendus par Carrefour, La Bottine Souriante et surtout Éram en contenaient une concentration très importante.” (source)
Quelles sont les alternatives au cuir ?
“Le cuir artificiel/synthétique/vegan ou encore faux cuir, conçus à base de plastiques ou de fibres végétales. En comparaison avec les cuirs bas de gamme, le synthétique reste tout de même le meilleur choix. Les filières pétrochimiques sont davantage contrôlées et les produits peuvent être de très bonne qualité.” (source)
Liège, champignons, ananas, eucalyptus, produits synthétiques : les alternatives au cuir sont en plein essor ! Guettez les deux derniers pictogrammes de cette fiche, présents obligatoirement sur les étiquettes transparents collées sur les semelles des chaussures ou les étiquettes des sacs, portefeuilles, etc. :
Quelles marques de prêt-à-porter son fiables ?
Voici un article de blog parfait, contenant 22 marques véganes idéales, pour une alternative au cuir. Merci et bien joué, Angélique !
Et moi, et moi, et moi ?
Eh bien en ce qui me concerne, le “déclic” s’est fait sur le long terme. Cela ne m’a pas pris un matin au réveil, mais j’ai saturé de recevoir de façon trop répétée des mails me proposant de cadeaux à la chaîne. Cela ne s’est pas arrêté du tout, mais au lieu d’accepter (avec joie et surtout sans réfléchir) j’ai maintenant la conviction que le cuir n’est pas une matière noble, luxueuse ou en accord avec mes convictions personnelles.
On en revient une fois de plus à notre déménagement, mais devoir vider un grand placard plus un dressing et (re)découvrir tout ce qui y était entassé… un ras-le-bol m’a envahie. Overdose de chaussures et de sacs, que je ne porte plus. J’ai fait un constat très simple : STOP.
Depuis un an donc, je refuse la maroquinerie, je réponds que je n’ai pas besoin d’accessoire en cuir. Les mentalités n’évoluent pas très vite. La plupart des gens sont persuadés que le cuir est indispensable, que seul le cuir convient à leurs pieds sensibles, qu’un sac à main en cuir est de meilleur qualité que du simili et se rassurent ainsi, pensant faire le bon choix de consommation.
Je sais que la route sera encore très longue pour les animaux, qu’il va y avoir encore des milliards de meurtres abjectes et inutiles, pour réapprovisionner les étals des magasins. C’est trop ancré dans les esprits que la peau d’animal est la matière indispensable pour ranger ses affaires ou marcher dans la rue.
Je vous invite de tout mon coeur à essayer de repenser votre schéma de consommation et de tester un sac et/ou une paire de chaussures en synthétique, garanti sans cruauté animale. Oui, cela sera peut-être plus cher que du cuir, mais pas forcément. Oui, cela vous fait sortir de vos habitudes et de votre zone de confort. Oui, vous en reviendrez peut-être à vos boots en cuir, in fine. Mais vous aurez essayé et sûrement qu’essayer quelque chose, c’est l’adopter. Dans mon cas, c’est un grand “oui !”
Concernant mon sac Flore et Line, il est en liège. Il s’agit bien du même liège que celui des bouchons de bouteilles ! “Ce matériau souple et résistant peut aussi être façonné comme du cuir. Il est en plein essor par exemple au Portugal, où de nombreux articles (sacs, ceintures, bijoux, objets, chaussures, etc) sont fabriqués en liège.
Le liège est l’écorce superficielle de l’arbre chêne-liège. Prélevée environ tous les 12 ans, elle ne nuit pas à l’arbre, et le processus de fabrication est écologique et éthique. L’arbre est en plus un puits de carbone d’autant plus efficace qu’il est utilisé pour produire du liège.” (source)
Plein de matières végétales, alternatives au cuir à découvrir ici. Vivement que le cuir d’ananas (appelé piñatex) soit plus répandu ! 🙂
Pour en savoir (et en voir) plus (attention images choquantes mais bien réelles) :
J’espère que cet article aura pu vous faire un peu réfléchir, prendre conscience de ce que vous portez, si vous achetez du cuir sans même y penser. Les commentaires sont, comme d’habitude, ouverts à la discussion. Ils seront modérés en cas d’insultes, de propos « hors sujet » et d’agressivité inutile. Merci de rester courtois(ses), si vous vous manifestez. J’ai bien conscience que ce sujet sensible va éveiller des réactions outrées.
Je ne suis pas dans le jugement d’autrui, mais j’aspire à essayer d’être pédagogue ou du moins d’essayer de vous faire réfléchir personnellement à votre façon de consommer.
Sachez que je suis toute disposée à répondre à quelqu’un qui souhaite repenser sa façon de faire. Car, comme c’est trop souvent le cas, répondre à quelqu’un qui fait preuve d’intolérance ou d’irrespect dans la formulation de son commentaire, cela augure mal, vous en conviendrez.
Je porte :
Manteau Georgina via Boden (pris en PETITE taille 36)
Pantalon 7/8ème Mirabelle via Boden (pris en PETITE taille 36)
Blouse en dentelle Easy Clothes
Sandales YesStyle en simili suede
Sac “Zoé” en liège via Flore et Line